- Magalie
- Santé et Forme
FAIRE DU SPORT POUR GUÉRIR
Martine, 50 ans, taxi guide dans le Lubéron, apprend en 1992 qu'elle est atteinte de polyarthrite rhumatoïde évolutive. Son médecin lui donne 2 ans avant de finir dans un fauteuil roulant. « En réaction, je me suis fixée comme objectif de courir le marathon de New York avant de mourir. Chaque fois que je faisais un pas – même si c'était très douloureux -, je pensais que c'était autant de gagner sur la maladie. Au bout d'un an, j'ai repris le sport. Trois ans plus tard, j'effectuais plus de 4000 Km par an en vélo. Couplé d'une nouvelle alimentation, le sport a été ma thérapie. Aujourd'hui, je pratique le footing, le vélo et la randonnée pédestre de manière intensive : plus de 8h par semaine. Ça me permet de contenir ma maladie et de rester optimiste. »
Rien d'étonnant pour Stéphane Cascua, auteur de « Le sport est-il bon pour la santé ? » (Éd. Odile Jacob), médecin du sport à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris. « Le travail musculaire est indispensable au traitement de l'arthrose. Des études ont montré que l'inactivité pouvait même l'aggraver. Car en réduisant l'utilisation de son articulation, on perd du muscle et le mouvement des pièces osseuses devient de moins en moins harmonieux. L'activité sportive, régulière et appropriée, tels le vélo , la cardio-training, le stretching, la natation, le footing, augmente la force et la mobilité articulaire des personnes ayant une arthrose. »
Une heure trois fois par semaine.
En l'an 2000, la synthèse de 39 études scientifiques comparant les différentes thérapeutiques de la lombalgie chronique concluait que l'activité physique était plus bénéfique que la rééducation traditionnelle et les traitements médicamenteux.
Pour remuscler les abdominaux et améliorer la coordination des muscles, stabilisant la colonne vertébrale, Stéphane Cascua recommande le footing, la musculation, mais aussi l'équitation et la karaté. « Une étude a prouvée que 80% des personnes souffrantes de lombalgie chronique n'ont plus mal au dos après 3 semaines à 6 mois de pratique du karaté, explique-t-il. Cet art martial accorde beaucoup d'importance à la position du bassin et au centre de gravité. Le corps devant être parfaitement stable sur ses appuis, les muscles de la colonne s'en trouvent renforcés. »
« Contre ma tachyarythmie, mon généraliste m'a prescrit des bêtabloquants et, à mon grand étonnement, du sport », témoigne Charlotte, retraité de 65 ans. Depuis bientôt 40 ans, l'Organisation Mondiale de la Santé préconise la rééducation cardio-vasculaire après une crise cardiaque. Trois semaines après un infarctus, l'exercice physique – vélo, marche, et dans un deuxième temps, jogging – est au programme des centres de rééducations. « Il faut solliciter le cœur en endurance, c'est à dire suffisamment intensément pour l'entraîner, mais pas trop afin de pouvoir soutenir l'effort assez longtemps, précise Stéphane Cascua. L'exercice a une influence direct sur les facteurs de risque de la maladie coronarienne : il diminue le « mauvais cholestérol », le risque de diabète de l'âge mur et l'hypertension artérielle. » Pour profiter de ces bienfaits, il vous faudra pratiquer un sport d'endurance pendant une ½ heure à 1 heure, trois fois par semaine.
Renforcer l'estime de soi.
Les effets curatifs du sport ne se limitent pas au sport. 90 % des études récentes (Byrne A. : The effect of exercise on depression, anxiety and oher mood states : a review, 1993) ont prouvé ces effets antidépresseurs et anxiolytiques. « J'étais en pleine dépression, raconte Frédéric, 45 ans, dessinateur dans un bureau d'études à Lyon. Pendant 2 ans, j'ai suivi une psychothérapie. Mais c'est reprendre le sport qui ma permis d'aller mieux. Après une heure de footing suivi d'une bonne douche, je me sens vraiment bien : calme, disponible, souriant. »
« Le sport développe le système parasympathique et donc bloque le système sympathique d'où émanent les hormones du stress », explique Stéphane Cascua. Passé 16 semaines de pratique sportive, les effets antidépresseurs s'avèrent les plus puissants (North T.C. : Effect of exercise on depression, 1990). Des chercheurs américains en ont conclu que « l'exercice physique est peut-être une thérapie aussi efficace que la pharmacothérapie de base pour les patients dépressifs de plus de 50 ans. » (Blumenthal J. : Effects of exercise training on older patients with major depression, 1999). Sur le plan psychologique, il augmente le sentiment de maîtrise et, par conséquent, l'estime de soi, déficients chez les dépressifs.
Seul ou en groupe ?
Aujourd'hui, il n'y a pas vraiment de preuve qu'un sport soit plus antidépresseur qu'un autre. « Mais on a constaté que dans les sports répétitifs comme la course, le vélo et la natation, le stress est canalisé dans les gestuelles automatiques, ce qui permet de libérer le cerveau pour la réflexion intellectuelle », note Stéphane Cascua. Le sport agit ainsi comme une distraction permettant de porter son attention sur autre chose que sur ses problèmes. Comme l'exprime Frédéric, « le sport me vide de mes soucis car je me focalise uniquement sur ma course et sur les objectifs que je me suis fixés ».
Cette gestuelle aurait selon le Dr Cascua un autre avantage : « Elle rassure le cerveau qui l'associe inconsciemment au bercement maternel. C'est d'autant plus fort pour la natation où l'élément aquatique vient renforcer cette association. Il faut cependant éviter d'avoir des objectifs trop élevés pour ne pas se mettre dans une situation supplémentaire d'échec. » Et de préciser : « les dépressifs devraient plutôt faire du sport en groupe, l'entraîneur et les partenaires jouant un rôle essentiel d'encouragement, d'émulation et de réassurance. »
Avant de reprendre le sport il est conseillé de consulter un médecin pour établir un bilan médical et détecter d'éventuels signes négatifs sur le pan cardio-vasculaire (essoufflements, maux de têtes à l'effort…). Si vous êtes un homme de plus de 40 ans faites une épreuve d'effort sur un vélo muni d'un électrocardiogramme. Pour une femme, c'est après la ménopause qu'un bilan coronarien s'avèrera nécessaire avant de pouvoir rechausser à nouveau ses baskets.
Christine DELMAR-HONEN
Quels sont les bienfaits de l'activité physique ?
L'activité physique est, en principe, bonne pour la santé. Mais que nous apporte-t-elle vraiment ?
La réponse de Thibault de Maillard (psychologies.com) : « Quand le corps fonctionne, tout fonctionne ! Pas besoin d'en savoir beaucoup pour comprendre que la pratique d'un sport régulier fait autant de bien au corps qu'à la tête... Cela, pour plusieurs raisons :
- La pratique régulière d'un sport a des vertus euphorisantes. En fait, il s'agit d'hormones (les endorphines) que le corps sécrète quand il se met en action, et dont l'effet serait comparable à une drogue euphorisante. Plus on s'entraîne, plus le corps émet des endorphines. Du coup, le sport peut vite devenir comme une drogue !
- Faire du sport, c'est s'occuper de son corps. Et y consacrer un peu de temps à soi, c'est prendre le temps de s'écouter un peu… Cette intimité retrouvée avec soi-même, c'est se sentir physiquement exister. Cela peut aider à mieux appréhender l'environnement et les autres.
- Réussir ou simplement progresser dans un sport, tenir ses objectifs, être assidu donnent de la force, aident à surmonter ses problèmes professionnels ou autres, et peuvent aider à reprendre confiance en soi.
- Une séance de taï chi ou de stretching (étirements sur de la musique douce) aide à éliminer le stress.
- Mais le sport ne fait pas maigrir facilement. L'organisme commence à brûler ses réserves de graisses qu'après 30 à 40 minutes d'exercice physique. En revanche, cela peut ralentir votre rythme cardiaque au repos et améliorer votre respiration. Le sport permet en outre de muscler un corps et de le tonifier. Un atout pour aborder la vieillesse et éviter les fractures… »
Que doit-on faire avant la reprise d'un sport ?
Les clubs de gym sont des lieux favorables pour une reprise du sport. Mais que doit-on faire avant de s'inscrire ?
La réponse de Thibault de Maillard (Psychologies.com)
« Après une longue période « d'abstinence », la reprise d'un sport ne s'aborde pas à la légère, surtout quand on présente des facteurs à risques comme l'asthme ou des problèmes cardiaques, ou bien que l'on atteint un âge avancé. Un bilan médical est absolument nécessaire. Dans le cas de problèmes physiques (dos, genoux, articulations, cœur), parlez-en au moniteur de votre club. Il vous conseillera sur le choix et l'utilisation des machines de musculation qui ne sont pas toutes adaptées à votre cas. De même, les cours collectifs où l'on se retrouve parfois à plus de 50 ne sont pas conseillés aux personnes fragiles ou en mauvaise condition physique. Le prof ne peut être attentif à chacun. Il vaut mieux suivre dans ce cas un programme personnalisé adapté à son niveau et à ses problèmes éventuels.
Pour s'y mettre dans les meilleures conditions :
- Consultez un médecin du sport.
- Choisissez de préférence un établissement près de chez vous ou de votre boulot.
- Ne jamais s'abonner sans avoir testé le club, son ambiance, ses profs, leurs diplômes, l'hygiène des locaux, les machines, les règles de sécurité et les cours.
- Lors de votre inscription, évitez les arnaques. Méfiez vous des abonnements longue durée. Un abonnement peut cacher un crédit. Sous prétexte de vous faire profiter de tarifs préférentiels, on vous incite à vous abonner pour une très longue durée (2 ou 3 ans) et vous vous retrouvez avec un crédit mensuel que vous serez obligé de rembourser jusqu'au bout même si vous désirez arrêter.
- Le choix d'un club de gym ou de remise en forme est délicat. Il en existe des tas. Les chaînes tiennent le haut du pavé et de la pub, mais les salles indépendantes ou de quartiers ne sont pas forcément plus chères et sont parfois plus conviviales »
En avant marche !
« 30 minutes par jour ! » proclamait une campagne de promotion de l'activité physique réalisée par le ministère de la Santé, l'assurance maladie et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé.
Son objectif : nous inciter à pratiquer au moins une demi heure de marche rapide au quotidien. La moitié des Français auraient un niveau d'activité inférieur à ce seuil minimum. Or, l'inactivité musculaire est un des principaux facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires et de diabète, elle favorise la prise de poids et l'ostéoporose. Alors, marchez, c'est plus facile que vous ne croyez.
Bénéfices directs
- Mieux maîtriser son poids : l'exercice brûle beaucoup de calories et augmente la masse musculaire ;
- Améliorer son sommeil, si l'activité sportive n'est pas pratiquée trop tard en soirée ;
- Faciliter le transit intestinal : le sport réduit la constipation et la colopathie ;
- Renforcer son système immunitaire : le sport augmente le taux d'anticorps ;
- Se prémunir contre l'ostéoporose : le sport accroît jusqu'à 40% la masse osseuse chez les femmes ménopausées ;
- Prévenir certains cancers : le cancer du côlon est deux fois moins fréquent chez les marcheurs.
Contre les peines de cœur
Michel a commencé à courir pour perdre du poids, à la mort de sa mère des suites d'une leucémie. Son jogging a pris une nouvelle dimension : « je courais quels que soien1t ma fatigue et mon moral. Plus j'avais le souffle coupé, plus je redoublais d'efforts, jugeant mes difficultés à respirer insignifiantes par rapport à ce qu'avait enduré ma mère. Pendant un an et demi, j'ai recherché cette souffrance physique qui me permettait de communiquer avec elle. Le jogging m'a aidé à traverser mon deuil. C'était un véritable exutoire. »
C'est aussi le jogging que Marie a choisi pour noyer un chagrin d'amour : « chaque foulée était un pas en avant. J'avais le sentiment de remettre la machine en route, de reprendre le contrôle de ma vie. Après, j'étais détendue, seul moment de la journée où je n'étais pas écrasée par mon chagrin. »
Sans le savoir, Marie a troqué les endorphines sécrétées durant l'état amoureux par celles issues du sport. Aujourd'hui, elle vit heureuse en ménage et court toujours.
Pourquoi se mettre au sport ?
Se mettre au sport ? Ou s'y remettre ? L'envie vous reviendra peut-être en vous passant la retransmission d'une grande compétition à la télévision. Mais le plus souvent, les actes ne suivent pas. Une corvée ! Toutes les excuses sont bonnes : pas le temps, et puis le tenue, pas vraiment sexy ! Pourtant, entretenir son corps est beaucoup moins douloureux qu'il n'y paraît.
Cela peut aider à se dépasser soi-même, à retrouver confiance en soi et même à se relaxer. Un véritable moment de bonheur que l'on consacre à soi : l'objectif n'est pas la performance, ni les muscles à tout prix, mais plutôt le bien-être et la santé ! Les clubs de gym et de remise en forme sont légions. Et proposent désormais une gamme si diversifiée d'activités qu'il y en a vraiment pour tous les goûts. Le plus dur, c'est de s'y remettre.
Thibault de Maillard